Note d’intention

 »  Chaque spectacle que j’écris est imprégné d’un univers cinématographique. J’écris un spectacle comme un scénario. Un scénario qui ne sera pas filmé mais qui sera raconté. »

 » Ligne de mire est née d’une rencontre avec le cinéma de Buñuel, et tout particulièrement d’un film de 1974, Le Fantôme de la Liberté : l’histoire d’un tueur embusqué, perché en haut de la Tour Montparnasse, et qui décide, au hasard et gratuitement, qui doit mourir. Ce personnage sans psychologie, j’ai eu envie de le faire vivre, de l’inscrire dans une histoire, de lui inventer un passé, de chercher une explication en somme, une justification à des actes.

Toujours dans ce rapport au cinéma, j’imagine un dispositif ; dans le cas de Ligne de mire, la forme du huis clos s’est imposée pour mieux entrer dans la peau du personnage. Partant, les références cinéma se sont multipliées : de La Corde d’Hitchcock à Douze hommes en colère de Sydney Lumet, les scènes se jouent en direct. Par-delà le jeu des références filmiques, il s’agit surtout d’amener le cinéma sur le terrain du théâtre, de l’adapter aux contraintes du plateau. Dans ce sens, l’image trouve sa place dans l’espace scénique : elle est un décor en mouvement, un moyen de suggérer toutes les dimensions du récit.

Lorsqu’une idée de spectacle me vient, je suis mon intuition. J’écris dans l’instant, et je découvre l’histoire. Pour contrebalancer les effets de cette spontanéité, l’accompagnement de Nicolas Bonneau s’est imposé naturellement : un univers cinématographique commun, un même recours à l’image sur scène et dans la construction narrative.

L’univers décalé de mes histoires, l’humeur poétique et absurde de mes personnages, trouvent un ancrage dans le monde réaliste et méticuleusement décortiqué de Nicolas Bonneau. Ce mariage entre deux approches, un assemblage sans couture apparente, donne une autre force à l’histoire. « 

Achille Grimaud